Résumé :
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Le Journal d'Anne Frank, on le sait, est l'un des témoignages les plus lus et les plus poignants du XXe siècle. Au-delà du destin de cette jeune fille hors du commun, les deux auteurs de cet essai historique reconstituent l'univers familial de cette enfant de la très grande bourgeoisie européenne qui évoluait notamment entre la Hollande, l'Allemagne et la Suisse. Le grand-père d'Anne Frank vivait ainsi dans la « Judengasse », l'étroite « ruelle aux juifs » de Francfort. Sa grand-mère, Alice, tenait quant à elle une maison ouverte au grand monde à Francfort, où elle était l'épouse d'un banquier, avant que la famille n'essaime à Londres, Bâle et Amsterdam. La richesse y était au service de l'échange. Gerti Elias et Mirjam Pressler décrivent avec empathie et précision cette famille cosmopolite et cultivée, depuis la joie de vivre des premiers temps jusqu'au drame de la famille d'Anne, Otto, son père, rescapé des camps et des marches de la mort, ne reverra jamais ni son épouse, ni ses enfants. Mais elles nous montrent aussi l'ancrage de la famille Frank dans la culture européenne : la pratique courante des langues étrangères, les voyages, l'ouverture au monde. Elles décrivent ainsi ce qui fut une première Europe, fondée sur l'esprit, la culture, le savoir-vivre, une Europe de l'intelligence que le nazisme a détruite, peut-être à tout jamais, en un peu plus d'une décennie. Mais elles montrent aussi la vie quotidienne de ces familles dispersées dans une Europe secouée par la guerre : l'organisation, la solidarité, l'angoisse permanente, jusqu'au retour des survivants.
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